mardi 9 décembre 2008

L'orphelinat

Texte écrit par Jo Carret / Rochefort du Gard

La jeune fille
à l'adolescence tranchante
comme un diamant
a refusé l'oppression de l'homme
son chef de famille
et avec celui qu'elle aime
elle a fait un enfant

La jeune femme aux seins épanouis
a refusé l'homme qu'on a choisi
pour elle
et avec celui qu'elle aime elle a fait un enfant

Maintenant que ces enfants sont là
remontent du fond d'elle
les vieilles peurs ancestrales
qu'inspirent les gardiens de l'ordre.
Ce qui est du à l'honneur
doit être payé de sang.

Les frères, le père, les cousins
vont se saisir de l'une,
la mettre à mort
Pour l'autre
la belle mère
à qui il revient de l'égorger
doit déjà glapir pour se donner du courage

Mettre l'enfant dans une nacelle
le confier au fil de l'eau
espérer un miracle
hélas
il n'y a pas lieu de rêver
le temps presse
les chiens tout proches aboient

L'autre jour,
ils sont allés abattre
bien loin d'ici
une jeune fille comme elle
qui avait fui avec son amant.

Alors une couverture
pour qu'il n'ait pas froid
un geste furtif au bord d'un chemin
des pleurs
un nouveau-né dans un buisson.
Des paysannes qui passent et l'entendent
qui le sauve de la mort.
C'est à l'orphelinat de la Sainte Famille
qu'Hamid trouvera amour et maternité.

L'autre
les hurlements des vieilles
sifflent dans ses oreilles à la rendre folle
la peur la haine la lâcheté l'assaillent
et la panique
Plus le temps de rien faire
les chiens sont là.

Alors comme linceul au corps palpitant
un sac noir à poubelles
et pour être certaine
que la ressemblance ne la trahira pas
le faire écraser par la voiture là
lorsqu'elle démarrera.
Un geste de somnambule
pour le déposer devant la roue arrière
la fuite.

Et puis une conductrice en colère
contre un sac qu'elle croit de poubelle
un geste exaspéré
pour dégager la roue
de ce plastique noir
des vagissements.

Une femme traversée
de sentiments
violents et contradictoires
porter tout ça aux objets trouvés de la police
regarder donner les premiers soins
garder ce petit corps trouvé sur sa route
l'aimer lui redonner vie être sa mère
l'adopter.

L'adoption n'est pas encore permise
dans cette terre de violence
C'est à l'orphelinat de la Sainte Famille
qu'Ismaël trouvera amour et maternité.

Une autre encore
vierge folle d'amour
vierge sage aussi
et qui sait qu'elle porte en elle
l'enfant qui lui vaudra la mort.

Contre le mensonge et l'hypocrisie
une lutte perdue d'avance
sauver sa vie sauver l'enfant
préparer cet évènement
C'est à l'orphelinat de la Sainte Famille
qu'elle demande asile
et à y être cachée jusqu'à la naissance.
Le lendemain elle partira
armée contre les chiens de l'ordre
de papiers en règle et de certificats de travail.
L'enfant, lui, restera, .
C'est à l'orphelinat de la Sainte Famille
qu' Annehn trouvera amour et maternité.

Jo Carret

Un voyage en Palestine. Voyage d'études, un regard sur la vie en Palestine, une réflexio profonde
et une méditation.
Invitation à notre méditation sur la vie des femmes dans ce trés beau pays de soleil, d'oliviers de paysages de roches blanches et de larmes.



samedi 6 décembre 2008

Les Ailes du désir / Peter Handke - Wim Wenders

Deux anges Damiel et Cassiel. Damiel revient parmi les hommes...

Voix de Damiel:

Lorsque l'enfant était enfant,
il marchait les bras ballants,
il voulait que le ruisseau soit rivière
et la rivière, fleuve,
que cette flaque soit la mer.
Lorsque l'enfant était enfant,
il ne savait plus qu'il était enfant,
tout pour lui avait une âme
et toutes les âmes étaient une.
Lorsque l'enfant était enfant,
il n'avait d'opinion sur rien,
il n'avait pas d'habitudes,
il s'asseyait souvent en tailleur,
démarrait en courant,
avait une mèche rebelle
et ne faisait pas de mines quand on le photographiait.

Film dans lequel l'amour , la passion sont présents.

Wim Wenders nous dit à propos des Anges "ils observent des milliers d'êtres humains, mais surtout ceux auxquels ils se sont attachés -non seulement ils peuvent tout voir, mais ils peuvent recueillir jusqu'aux pensées les plus secrètes. Parmi eux, chose inouïe, un ange tombe amoureux : il deviendra mortel.

jeudi 20 novembre 2008

Citation Angélique


Les Anges luttent sans merci ils se percent le coeur et déchirent leur visage parfois l'ange devient noir.

Les pensées des anges basculent leurs vies nous épouvantent

ainsi disparaît un ange.

Le vent l'emporte dans une pure blancheur

les ailes brisées retombent.

Tout est silence recueillement méditation maintenant.

Nous ne comprenons pas les anges.



mercredi 19 novembre 2008

Fragments


Qu'on nous laisse donc seuls face à l'énigme oui hommes seuls avec leur souffle leur prière de peu mariant les corps à la nuit amoureuse et là s'allégeant dans l'énigme



Jean Pierre SIMEON


Lettre à la femme aimée au sujet de la mort.

Ecrit en Février 2008/ Hal St Eloi /Jardin/ Montpellier

Plume traversière

chant du coq dans le coeur

des gitans

Chant rauque

la cuirasse des statues alignées se fend et le condamné avance, remonte l'enfilade des gardes de béton

dans l'immobilité des années muselées du dictateur maintenant fusillé.

Verdure des herbes folles amoncelées, des ronces, pourrissante chevelure dégoulinante.

L'enfant ramasse la plume et la plante dans la chevelure blonde de sa jeune épousée.

Les pieds sont bleus de froid et la fange de la cour de ferme craquèle la peau des chevilles graciles.

lundi 10 novembre 2008

Sur la route des rencontres...

Nous ne nageons pas trop mal
mais notre auguste tête avec sa grappe de raison incluse
se cogne continuellement contre les vitres de l'aquarium
dont nous ne réussissons pas à nous échapper.
( Jean ARP. I959 )
Et comme
on fait du vin
que l'on verse aux calices,
fais-le,
le sacrifice
de tous
tes rêves
vains.
(( Max ELSKAMP 1862-1931 )
Son expérience de l'antiquité
l'aurait aidé à décanter sa personnalité
et à adopter le fameux point de vue de l'oeuvre d'art pure,
débarrassée de toutes ses scories,
conformément aux vers de Faust
"Même si son agitation semble absurde, le moût finit toujours par donner du vin"
( Adorno / Goethe )
Et où naissent sur la mer tous les corbeaux d'Afrique
ô raisins
et ces yeux ternes et en famille
l'avenir et la vie dans ces treilles s'ennuyent.
(Guillaume APOLLINAIRE 1920 )
Textes collectés par Jean Mathon Artiste contemporain résidant à St Just.
Textes de réflexion.

dimanche 2 novembre 2008


Forteresse du désert

La forteresse rouge sous le soleil ,trajet de l'astre lumineux, courbe parfaite du levant au couchant, la chaleur fait se craqueler les briques de terre sèche, frappées de plein fouet par le vent du sud. Les siècles ont déplaçé la juxtaposition parfaite des murs. Un vautour plane et le regard de la sentinelle voilée se perd dans le désert.
Silence étrange...Dans le lointain un roulement de tambour accompagne le chant rauque d'un oiseau étrange fait de plumes sombres et d'une aigrette rouge vif .
Le rouge est la dominante de cette scène vue sur un promontoire de Mauritanie.

lundi 27 octobre 2008

Conte Boribana

J'ai rencontré cette statue dans une anfractuosité du mur qui ferme le musée Boribana. C'était plus qu'une statue immobile et sans vie.
J'ai cru rencontrer un être fait de chair, de sang et d'organes vivant dans cette enveloppe battue par les vents, la pluie, et à l'écoute des bruits de la rue, du fracas des vagues sur la côte déchiquetée, et aussi du bruit assourdissant que font les avions lors de leur envol.
Boribana est maintenant notre ami et le regarder alors que le jour baisse sur la ville de Dakar est un moment de méditation. Une philosophie du calme, de l'amitié entre les peuples de la grande ville. C'est une vigie surplombant la mer et les îles du Cap Vert .
A chacun de mes voyages je rencontre ainsi des amis de pierre, de bois, de fer travaillé.
Chacun pénètre mon coeur et j'emporte leur souvenir que je dépose sur le papier de mon travail. Ce texte plié en deux ou trois fois est ensuite glissé entre les branches du grand fromager surveillé par les singes.

lundi 20 octobre 2008

Le Brûlot

Il est posé sur la face du monde.
Une tache sur le bord des lèvres.
Le brûlot réchauffe le coeur des passants et souvent les marrons ont l'odeur de la poudre.
Se poser devant le brûlot et le contempler. Les yeux se plissent et pleurent devant les braises.
La foule se presse et les immenses avenues de la ville hurlent. La rage se lit sur les visages.

mardi 14 octobre 2008

Le Courbassou

Il savait qu'un courbassou vagabondait sur la colline.
Un jour sans trop savoir pourquoi il dévala la pente rocheuse jusqu'au chemin de pierres blanches.
A cause du courbassou.
Normal !
Il avait désobéi et s'était sauvé de la maison pour s'avnturer prés de la rivière et de ses remous d'eau sombre écumante.
Le courbassou vagbondait sur la route tôt le matin. Un sac de toile grise en bandoulière et le visage penché sur le bitume.
Le pas hésitant.
Un rien claudicant.
Le courbassou sentait mauvais - le purin et la terre humide-. Il passait matin et soir devant la maison . L'enfant avait trés peur. Il se sentait surveillé , courbassou se rencontrait dans tous les lieux que l'enfant préférait explorer.
Le long de la voie de chemin de fer.
Prés du cimetière.
A l'entrée de la grotte interdite vestige de l'ancienne mine d'or.
Dans les prés.
Au bord du torrent.
Sur le chemin rocailleux qui se perdait dans les nuages. Quelquefois courbassou venit dans le jardin de la villa. On lui donnait une ou deux pièces, un quignon de pain rassis, un vêtement usagé. L'enfant sentait dans le geste de sa mère à la fois respect et dédain.

samedi 11 octobre 2008

Le Bateau fantôme

Sur une plage , en contre bas d'une falaise blanche, dans un lieu maritime tourmenté, le bateau est échoué, grande et haute structure rouillée. Ce navire habite le Cap Blanc. La nuit le vent s'introduit dans les écoutilles. Un sifflement parcourt le désert, les dunes alentours.